Yannick Lecoeur – Atelier enfants

 

Pouvez-vous nous présenter l’atelier que vous mènerez lors du Festival Motion Motion ?

C’est très simple : 2 ou 3 caméra/tablettes reliés à des ordinateurs, des centaines d’images imprimées issues de vieilles encyclopédies ou de magazines de mode, des ciseaux pour découper et après il n’y a plus qu’à expérimenter des collages, des mouvements, et pourquoi pas une petite histoire.

 

L’animation apparait souvent comme un domaine très technique. Comment avez-vous envisagé cet atelier pour qu’il soit accessible aux jeunes publics ?

« Apparait » oui, c’est bien bon mot. Oui, ça peut vite devenir très technique, mais ce n’est pas ça qui m’intéresse dans l’animation. Pour moi il faut s’amuser. Quand on s’amuse on trouve des solutions à tout. Qu’elles soient techniques ou créatives. Avec les jeunes, je leur montre qu’on peut s’amuser en faisant des choses techniquement très simples, la seule chose qu’il faut c’est l’envie de s’émerveiller. Voir des bouts de papier prendre vie en moins de 5 minutes, c’est magique !

 

Avez-vous d’autres projets d’atelier de pratique artistique cette année ?

Je viens de réaliser la bande annonce du Festival de cinéma de La Rochelle avec les étudiants de l’EMCA, l’école de cinéma d’animation d’Angoulême. ?C’était très intéressant de créer avec des jeunes qui bossent comme des cinglés sur des logiciels complexes, alors que moi en général j’utilise des ciseaux ou des crayons.?Je réalise un clip en animation pour le super groupe Magic Spencer avec des lycéens en option cinéma à Rochefort, pour le Festival de cinéma de La Rochelle.
Fin juin, un atelier de grattage sur pellicule pendant le festival Ciné Demeurée !
En juillet un autre atelier autour de la danse avec le Centre Chorégraphique National de Normandie, en collaboration avec le réalisateur Antoine Blandin.

********

Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
Je sais pas vraiment : de l’habillage en animation ? Ça ne me parle pas plus que ça alors je vais dire des mots que j’aime bien : jeu, magie, résonance

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
Quand j’étais aux Beaux arts, j’ai lu dans un magazine une interview de Pakito Bolino (le Dernier Cri) dans laquelle il disait « moi c’est tous les potards à fond « . J’aime ça : on y va à fond, on réfléchi pas (sinon on fait rien).
Lost Highway de David Lynch : des visions incroyables, livrées sans explication, le mystère dans toute sa splendeur.
Vivre au rythme des animaux dans une ferme. Les chèvres, c’est bien plus inspirant que les youtubers

3 artistes à découvrir d’urgence :
- Le groupe Lady Fitness
- BLU
- La peintre Florida Daniel


Simon Dronet – Le GIFoscope

 

Pour la 3ème édition du Festival Motion Motion, vous présentez une installation interactive appelée le GIFoscope. Comment est né ce projet ?

Sur une proposition du festival lui-même qui m'a donné l'occasion d'utiliser le praxinoscope mis à disposition par l'association Le Cercle.

 

Le GIF animé est un format qui est entré dans la culture populaire. Quels liens faites-vous entre les GIFs, l’animation traditionnelle et le motion design ?

Un lien purement formel. Celui de l'image animée comme moyen de transmission d'informations ou d'émotions.

 

Le GIFoscope proposera au spectateur de manipuler des GIFs pour réaliser des créations originales. Comment avez-vous envisagé l’interactivité avec le public ?

Le praxinoscope utilisé dans l'installation a été créé par l'association Le Cercle a des fins pédagogique et ludique. Le festival étant gratuit et ouvert à tous, le GIFoscope sera donc une œuvre facilement accessible et manipulable par tous.

 

Les GIFs sont principalement utilisées comme des éléments d’illustration de conversations sur le web. Comment réinterprétez-vous ces codes pour donner toute sa place à la créativité ?

Mon but est simplement d'amener les passants non plus à regarder ces animations comme de simples moyens de communication sur les réseaux sociaux mais à les ramener à leur statut d'objet graphique à part entière s'inscrivant dans une histoire de l'image animée. C'est la matérialité même du medium, ses qualités et ses défauts que j'aime à mettre en évidence. Les tout premiers films diffusés en public l'ont été lors de fêtes foraines notamment. Un festival de motion design me semble être l'endroit idéal pour pousser le public à s'amuser, détourner, jouer avec les codes des images que nous regardons sans doute de manière trop passive habituellement.

 

********

Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
- graphisme
- animation
- information
¯\_(?)_/¯

Sinon j'ai l'habitude de dire que le design c'est la technique et l'art d'apporter une information à l'aide d'une animation.

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
- Le travail de de Philipp Seefeldt pour l'émission Karambolage sur Arte
- Toute l’œuvre de Norman McLaren
- Les techniques d'animation de David O'Reilly

3 artistes à découvrir d’urgence :
- Charlotte Arene
- Sophie Koko Gate
- COLIN


Guillaume Marmin et Philippe Gordiani – Anger & Hope

Anger & Hope est votre 2ème collaboration après Timée qu’on avait pu découvrir en 2015. Pouvez-vous nous parler de votre rencontre et de la genèse de cette nouvelle installation qui le public découvrira lors de l’édition 2019 de Motion Motion ?

Il s'agit en réalité de notre 8e collaboration avec Philippe. Cela doit faire 11 ans que nous travaillons ensemble suite à notre rencontre sur un projet théâtral. Cette nouvelle pièce s'inscrit dans la continuité des nos préoccupations, à savoir la recherche d'une écriture commune entre image et sons. Pour Anger & Hope, nous avons testé de nouveaux outils permettant de transformer des sons en images et inversement. Il s'agit encore une fois de donner à voir des fréquences sonores ou de faire entendre des images.

 

Anger & Hope est un œuvre faisant référence au mythe de la boite de Pandore. ?Qu’est-ce qui a guidé votre choix dans la réinterprétation de cette épisode de la mythologie classique ?

Dans la mythologie, Pandore, première femme créée par les dieux, ouvre la boîte malgré l'interdiction de Zeus, et libère tous les maux qui tourmenteront l'humanité. C'est la version grecque d'Ève et du serpent, encore une sale histoire de femme pécheresse et trop curieuse. Je me suis d'abord dit que c'était bien ringard comme thématique, un coup à se faire allumer de tous les côtés. En m'intéressant à ce que la boîte contenait, j'ai appris que parmi les maux il y avait la colère et, de manière plus étrange, l'espoir. J'ai trouvé ce paradoxe résolument plus actuel, voire symptomatique d'un changement sociétal.
J'ai donc décidé d'axer le projet sur ce que la boîte contenait, d'essayer de matérialiser ces deux émotions via un dispositif inédit.

 

Vos travaux respectifs s’attachent à inventer de nouveaux langages visuels et sonores en s’affranchissant des structures traditionnelles. Comment s’articule votre processus de création entre la composition musicales et l’installation lumineuse?

On a fait beaucoup d'allers-retours entre la création musicale et les contenus visuels pour trouver ce qui nous semblait le plus juste. Cela s'accompagne de recherches techniques comme la création de nouveaux outils. Il a également fallu travailler avec le dispositif lors d'une résidence à Stereolux pour se rendre compte du résultat et adapter en fonction, car le rendu est forcément différent que sur un écran 15 pouces en 2D.

 

Anger & Hope proposera une expérience sensorielle totale. Comment abordez-vous la dimension immersive d’une œuvre ? ?

Les « expériences sensorielles et immersives » sont très à la mode. Ça commence à sonner marketing et je n'ai pas encore trouvé de synonyme convaincant. Mais c'est vrai que j'essaie généralement de placer les spectateurs au centre de chaque projet comme dans un film dont ils seraient les acteurs. L'intention est d'aller les provoquer physiquement dans un premier temps, puis de suggérer une trame narrative dont l'interprétation reste très libre.
Sur Anger & Hope, c'est un peu différent car les visuels restent contenus dans des boîtes. Il s'agit plutôt d'un dispositif stéréoscopique et stéréophonique dans lequel regards et écoute sont constamment en mouvement.

 

********

 

Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
Mouvement, pas mieux.

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
Brakhage, Soulages, Ian Curtis.

3 artistes à découvrir d’urgence :
Brakhage, Soulages, Ian Curtis


Eran Hilleli - Character Synth

Pouvez-vous nous dire comment est né le projet Character Synth ?

Il y a quelques années, j'ai expérimenté l'animation à travers des ondes pures. J'injectais des fréquences pures dans les os des personnages. Je me suis amusé à combiner et décaler ces fréquences. C’était une phase d’expérimentation très créative. Grâce à cette technique, je pouvais concevoir des animations auxquelles je n’aurais jamais pensé avant. Un matin, en regardant ma manette midi, il a eu une sorte de déclic. Cette façon simple d’animer pouvait se prêter très facilement à un moteur en temps réel !

 

Comment avez-vous envisagé le rapport entre l’animation et les compositions musicales de Giori Politi ?

Une fois le projet lancé, il était assez évident que le son en fasse partie, puisque la manipulation se fait via un synthétiseur. Par ailleurs, créer un dialogue entre les mouvements et le son m'intéressait beaucoup car ils étaient tous deux simultanés, ce qui signifiait qu'ils pouvaient aussi se libérer l'un de l'autre. ?J'espère que cela a du sens :-) J'ai fait équipe avec mon ami de longue date et collaborateur Giori Politi. Giori est un musicien issu de la programmation qui pouvait facilement se retrouver dans ce projet. Nous avons travaillé en parallèle en laissant le visuel influencé l’audio et vice versa.

 

Character Synth est une installation qui met le public à contribution, en quoi la dimension interactive était importante pour vous ?

Super important, c’est vraiment son essence. Je voulais vraiment rendre l'animation de personnage accessible à un public d'enfants et de gens qui n'animent jamais. Même si c'est ludique, je ne le vois pas comme un jouet qui possède des animations prédéfinies, mais je souhaitais vraiment que le public ait un niveau minimum de contrôle en demeurant simple et amusant.

 

********

Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
ondes, bruit, silence

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
- In the airplane over the sea by Neutral Milk Hotel
- Nils Holgerson animated series
- Genius Part Anthology

3 artistes à découvrir d’urgence :
- Rob Moss Wilson
- Ian Cheng
- Andrew Benson


Dan Perri – Retrospective

 

A l’occasion du Festival Motion Motion, vous viendrez nous présenter une rétrospective de vos réalisations. Avec plus de 400 génériques à votre actif, cela n’a pas du être facile de créer ce montage original. Comment avez-vous choisi les extraits que le public va découvrir ???

Je souhaitais que les spectateurs puissent voir et apprécier les génériques de films qui les ont touchés, qu’ils puissent se replonger dans les émotions qu’ils ont éprouvées la première fois qu’ils les ont vus. Très souvent dans mes échanges avec le public, les gens viennent me voir pour me dire ce que ces films évoquent pour eux dans leurs histoires personnelles.

 

Votre rencontre avec Saul Bass a influencé votre approche du métier. Quel est le principal enseignement que vous avez appris à ses côtés ???

Il m’a appris qu’il fallait être audacieux et faire confiance à ses intuitions pour créer de nouvelles approches du graphisme. Enfin il m’a enseigné qu’il fallait croire en ses idées mais au delà qu’il fallait les mener à leur terme, les réaliser concrètement. C’est là le véritable acte de création.

 

Graphiste, Typographe, Title designer, Motion designer… comment définissez-vous votre travail ?

Mon travail consiste à guider les spectateurs en installant une ambiance, un cadre, parfois les personnages en dévoilant les titres de manière élégante. C’est une étape importante pour immerger le public dans le propos du film.

 

Pouvez-vous nous éclairez sur votre process de création ? Comment abordez-vous un nouveau projet ???

J’essaie d’en apprendre le maximum possible sur l’histoire, les personnages, le décor et tout autre élément du film afin de créer et concevoir la meilleure voie pour entrer dans le film tout en découvrant les différents titres.

********

Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
Des formes énergiquement gracieuses

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
- Rhapsody in Blue de Gershwin
- Les graphismes de Saul Bass
- Les films de Billy Wilder

3 artistes à découvrir d’urgence :
- Léonard de Vinci
- Joan Miro
- M.C. Escher