Anger & Hope est votre 2ème collaboration après Timée qu’on avait pu découvrir en 2015. Pouvez-vous nous parler de votre rencontre et de la genèse de cette nouvelle installation qui le public découvrira lors de l’édition 2019 de Motion Motion ?

Il s’agit en réalité de notre 8e collaboration avec Philippe. Cela doit faire 11 ans que nous travaillons ensemble suite à notre rencontre sur un projet théâtral. Cette nouvelle pièce s’inscrit dans la continuité des nos préoccupations, à savoir la recherche d’une écriture commune entre image et sons. Pour Anger & Hope, nous avons testé de nouveaux outils permettant de transformer des sons en images et inversement. Il s’agit encore une fois de donner à voir des fréquences sonores ou de faire entendre des images.

 

Anger & Hope est un œuvre faisant référence au mythe de la boite de Pandore. ?Qu’est-ce qui a guidé votre choix dans la réinterprétation de cette épisode de la mythologie classique ?

Dans la mythologie, Pandore, première femme créée par les dieux, ouvre la boîte malgré l’interdiction de Zeus, et libère tous les maux qui tourmenteront l’humanité. C’est la version grecque d’Ève et du serpent, encore une sale histoire de femme pécheresse et trop curieuse. Je me suis d’abord dit que c’était bien ringard comme thématique, un coup à se faire allumer de tous les côtés. En m’intéressant à ce que la boîte contenait, j’ai appris que parmi les maux il y avait la colère et, de manière plus étrange, l’espoir. J’ai trouvé ce paradoxe résolument plus actuel, voire symptomatique d’un changement sociétal.
J’ai donc décidé d’axer le projet sur ce que la boîte contenait, d’essayer de matérialiser ces deux émotions via un dispositif inédit.

 

Vos travaux respectifs s’attachent à inventer de nouveaux langages visuels et sonores en s’affranchissant des structures traditionnelles. Comment s’articule votre processus de création entre la composition musicales et l’installation lumineuse?

On a fait beaucoup d’allers-retours entre la création musicale et les contenus visuels pour trouver ce qui nous semblait le plus juste. Cela s’accompagne de recherches techniques comme la création de nouveaux outils. Il a également fallu travailler avec le dispositif lors d’une résidence à Stereolux pour se rendre compte du résultat et adapter en fonction, car le rendu est forcément différent que sur un écran 15 pouces en 2D.

 

Anger & Hope proposera une expérience sensorielle totale. Comment abordez-vous la dimension immersive d’une œuvre ? ?

Les « expériences sensorielles et immersives » sont très à la mode. Ça commence à sonner marketing et je n’ai pas encore trouvé de synonyme convaincant. Mais c’est vrai que j’essaie généralement de placer les spectateurs au centre de chaque projet comme dans un film dont ils seraient les acteurs. L’intention est d’aller les provoquer physiquement dans un premier temps, puis de suggérer une trame narrative dont l’interprétation reste très libre.
Sur Anger & Hope, c’est un peu différent car les visuels restent contenus dans des boîtes. Il s’agit plutôt d’un dispositif stéréoscopique et stéréophonique dans lequel regards et écoute sont constamment en mouvement.

 

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Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
Mouvement, pas mieux.

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
Brakhage, Soulages, Ian Curtis.

3 artistes à découvrir d’urgence :
Brakhage, Soulages, Ian Curtis