La forme d’une ville s’attache à restituer l’âme de la ville de Nantes par fragments. Votre premier film, Paris capitale du XIXème siècle, travaillait aussi cette thématique. Comment définiriez-vous votre rapport à l’urbanité?

J’ai été très tôt intéressé par le thème de la grande ville au travers de classiques comme Metropolis ou Ghost in the Shell et par les œuvres de Berenice Abbott et de Katsuhiro Otomo. Mon arrivée à Paris a transformé cette attirance en véritable fascination. La multitude des rues et toutes les fenêtres allumées de ces immeubles, la nuit, sont propices à la rêverie et à l’imagination. Pour moi chaque ville est un Sphinx. C’est la découverte de Walter Benjamin et de son « Paris, capitale du XIXème siècle » qui m’a donné une des clés de l’énigme urbaine.

 

Pour capter l’essence de la ville, vous accordez beaucoup d’importance à l’errance et la flânerie. Faut-il vous y perdre pour mieux vous imprégner de son atmosphère?

C’est difficile de savoir. Quelle est l’atmosphère d’une ville? Quelle est la forme d’une ville ? A mon sens, cette forme épouse celle de la mémoire des lieux. Elle va être définie par l’état d’esprit du flâneur et les évènements qui s’y déroulent durant son errance. Cette forme peut changer d’une journée sur l’autre alors que l’itinéraire peut rester très exactement le même.
Aussi, je pense qu’il est plus facile de se perdre et d’errer dans une ville que l’on connait que le contraire. Il y a toujours une sorte d’urgence à devoir visiter les lieux dits remarquables d’une ville que l’on ne connait pas.
Par exemple, il m’était impossible de venir à Nantes sans voir le Passage Pommeraye. J’avais donc planifié plusieurs lieux à voir sans vraiment définir un parcours précis. Il s’agit donc là plus d’une errance aléatoire que d’une flânerie hasardeuse.

 

Vos films déploient le champ de la rêverie de l’onirisme. En quoi un univers de béton peut-il se révéler poétique et propre à l’imaginaire?

Pour y répondre, je vous propose les premiers vers du poème Le Soleil de Baudelaire.
Le roi des poètes a exprimé cette idée mieux que personne.
« Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.[…] »

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Pour cette 3ème édition, nous finissons les interviews par notre pastille « La preuve par neuf », le principe est simple : 3 questions auxquelles vous apportez 3 réponses à chaque fois !

Votre définition du Motion Design en 3 mots :
– Fischinger
– Ruttmann
– Eggering

3 œuvres/inspirations qui vous ont marquées et/ou ont changées votre regard :
– Histoire(s) du Cinéma
– Au Début
– Blade Runner

3 artistes à découvrir d’urgence :
– Godard
– Pelechian
– Philip K Dick